• Les liaisons dangereuses




    "LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL


    Il n'est donc point de femme qui n'abuse de l'empire qu'elle a su prendre! Et vous-même, vous que je nommai si souvent mon indulgente amie, vous cessez enfin de l'être, et vous ne craignez pas de m'attaquer dans l'objet de mes affections! De quels traits vous osez peindre Madame de Tourvel! quel homme n'eût point payé de sa vie cette insolente audace? à quelle autre femme qu'à vous n'eût-elle valu au moins une noirceur? De grâce, ne me mettez plus à d'aussi rudes épreuves; je ne répondrais pas de les soutenir. Au nom de l'amitié, attendez que j'aie eu cette femme, si vous voulez en médire. Ne savez-vous pas que la seule volupté a le droit de détacher le bandeau de l'Amour?


    Mais que dis-je? Madame de Tourvel a-t-elle besoin d'illusion? non; pour être adorable il lui suffit d'être elle-même. Vous lui reprochez de se mettre mal; je le crois bien; toute parure lui nuit; tout ce qui la cache la dépare: c'est dans l'abandon du négligé qu'elle est vraiment ravissante. Grâce aux chaleurs accablantes que nous éprouvons, un déshabillé de simple toile me laisse voir sa taille ronde et souple. Une seule mousseline couvre sa gorge, et mes regards furtifs, mais pénétrants, en ont déjà saisi les formes enchanteresses. Sa figure, dites-vous, n'a nulle expression. Et qu'exprimerait-elle, dans les moments où rien ne parle à son cœur? Non, sans doute, elle n'a point, comme nos femmes coquettes, ce regard menteur qui séduit quelquefois et nous trompe toujours. Elle ne sait pas couvrir le vide d'une phrase par un sourire étudié; et quoiqu'elle ait les plus belles dents du monde, elle ne rit que de ce qui l'amuse. Mais il faut voir comme, dans les folâtres jeux, elle offre l'image d'une gaieté naïve et franche! comme, auprès d'un malheureux qu'elle s'empresse de secourir, son regard annonce la joie pure et la bonté compatissante! Il faut voir, surtout au moindre mot d'éloge ou de cajolerie, se peindre, sur sa figure céleste, ce touchant embarras d'une modestie qui n'est point jouée! Elle est prude et dévote, et de là vous la jugez froide et inanimée? Je pense bien différemment. Quelle étonnante sensibilité ne faut-il pas avoir pour la répandre jusque sur son mari, et pour aimer toujours un être toujours absent? Quelle preuve plus forte pourriez-vous désirer? [...] "



    S'il fallait ne choisir qu'un livre, un, pour illustrer la richesse, la beauté et la grandeur de la langue française, pour moi, ce serait celui-là. Un petit bijou, jouissance lexicale à l'état pur, une langue inégalée. Laclos n'est pas le seul à savoir écrire, loin de là, je pense à la jubilation que me procurent les romans proustiens, mais son roman épistolaire est d'une telle richesse, la décadence dite avec délice, on s'y plonge, on en redemande, ce libertin de Valmont, nous aussi, on en tombe amoureuses !


  • Commentaires

    1
    visiteur_Nina
    Dimanche 14 Octobre 2007 à 11:09
    Personne n'?le Proust, mon cher et tant ador?a?e . Lol.
    2
    PetiteElfe
    Dimanche 14 Octobre 2007 à 13:10
    Disons que la comparaison serait tr?malvenue et je me garderai bien de la faire : j'ai ?qu?roust parce que, comme toi, je pense que son oeuvre reste un monument de la litt?ture fran?se, m? si je devrais lui en vouloir de toutes les souffrances essuy? en kh?e ! ^^ Proust a port?a langue que nous parlons aujourd'hui au sommet de sa beaut?

    Laclos a pour lui une langue du XVIII? que je r?re et le changement de style ?haque destinataire offre un large panel de ses capacit?et font de lui un auteur tr?complet !
    3
    visiteur_Plateau réc
    Dimanche 14 Octobre 2007 à 15:44
    " je pense ?a jubilation que me procurent les romans proustiens": enphatique et pr?ntieux.

    "jouissance lexicale ?'?t pur": enphatique et pr?ntieux.

    Au demeurant, il faut avoir l'esprit critique. Savoir relever les points positifs, c'est bien. Mais donner une vraie r?exion sur un texte, et ne pas simplement en faire la promotion, c'est mieux. C'est moins r?auff?Certes, la t?e est plus d?cate et on passe plus facilement pour une idiote, mais ca a une valeur. Bien entendu, il est plus simple de pr?ndre s'?rveiller de tout et de rien. Avec un argumentaire creux et r?ilisable ?ouhait.

    "Oh ! C'est si beau ! Je me delecte ?ire et relire ces lignes d'une virtuosit?id?nte !". Stop. On a compris. Merci.
    4
    visiteur_Encore ce p
    Dimanche 14 Octobre 2007 à 15:58
    Bon, tout est dit. Pour d'eventuelles r?amations, tu peux me les ecrire ?a suite.

    Merci.
    5
    visiteur_Cf. ci-dess
    Dimanche 14 Octobre 2007 à 16:05
    Bon, allez, une derni? lol. Remarquez la petite croix attach?au collier. Jesus (avec l'accent british s'il vous pla? ! Un d?llet?longeant avec une croix. M? les dada?es ne l'avaient pas faite celle-l?

    Je te delivre la palme de la connerie involontaire.

    Mes felicitations.
    6
    PetiteElfe
    Dimanche 14 Octobre 2007 à 16:16
    Sur l'extrait le plus connu de Proust : "La madeleine"

    Marcel Proust (1871-1922) fait parti de cette g?ration d'?ivains qui ont 20 ans vers 1890 et acc?nt brusquement ?a notori? et ?a gloire au lendemain de la guerre apr?avoir travers?ne longue p?ode d'obscurit?
    La d?nnie de 1920-1930 est une des plus riches dans l'histoire du roman fran?s. Les horizons qu'on d?uvre alors orientent le genre romanesque vers de nouvelles destin?. Le freudisme donne le go?e pr?nter des personnages complexes, saisis dans l'ambivalence de leurs sentiments. Le bergsonisme est, de fa? lointaine, ?'origine des romans de l'int?orit?(Et l'on sait que Proust ?it le cousin et l??ve de Bergson).

    Po?, critique, romancier, Proust est en fait l'homme d'un seul livre dont la cr?ion fut continue : A la recherche du temps perdu, divis?n 7 parties : Du c?de chez Swann, A l'ombre des jeunes filles en fleurs, Le c?de Guermantes, Sodome et Gomorrhe, La prisonni?, Albertine disparue, Le temps retrouv? Cette oeuvre est un monument complexe dans lequel le narrateur entreprend de retrouver le temps pass?Loin d'?e chronologique, la somme proustienne se b?t selon un parcours sinueux fait d'?os et de r?niscences.L??sode le plus c?bre, celui de la madeleine, illustre un des artifices litt?ires employ?par Proust pour provoquer ces «remont? de conscience».Une saveur suffit ?etrouver l?enfance et sert de point de d?rt ?on ?cation romanesque.

    Proust op? une v?table m?morphose du roman, les critiques ont ?it que le roman contemporain commen?t avec lui. Il d?are dans une de ses lettres rechercher un ?teur susceptible de "faire accepter des lecteurs un livre qui, ?rai dire, ne ressemble pas du tout au classique roman". De fait, Proust ?it un roman sans intrigue. L??ivain devient alors celui qui cherche ?endre la v?t?e l??. Il ignore, comme le dit l'acad?cien Boylesve, la fameuse situation dramatique, avec son exposition, son n?ud et son d?uement. Il rend compte de la totalit?e son exp?ence et son livre ne raconte pas ?roprement parler une histoire. Proust voulait saisir la vie en mouvement sans autre ordre que celui des fluctuations de la m?ire affective. La seule forme de constance du moi est en effet, selon lui, la m?ire.

    Pour Proust, nous ne connaissons pas un ?e tant que nous ne pouvons pas, ?ne impression nouvelle, confronter une impression ant?eure, toute connaissance se fait "en deux temps", dit-il. Le th? du temps est ainsi central dans l'?uvre de Proust. L'anecdote de la madeleine, situ?u d?t de la premi? partie Du c?de chez Swann, constitue la premi? r?exion sur le temps et ouvre la s?e des r?niscences. Par le jeu de la m?ire involontaire, une sensation physique -le go?'une madeleine tremp?dans une tasse de th?ram? ?'esprit du narrateur tous les souvenirs d'un univers oubli?mais disponible.

    Composition

    L?extrait comporte 3 paragraphes qui s?articulent en 4 mouvements :

    -Dans le premier paragraphe, le narrateur montre la difficult?e faire rejaillir le souvenir et sa tentation d'abandonner une d?rche pr?nt??a foi comme un travail d'introspection et comme une exp?ence scientifique.

    -Le second mouvement, de la ligne 6 ?a fin de la phrase ligne 10, pr?nte l?apparition soudaine du souvenir.

    -De la ligne 10 ?a fin du paragraphe (ligne 24), le narrateur explique comment seuls l?odeur et la saveur pouvaient faire rejaillir en lui ce souvenir.

    -Enfin dans le dernier paragraphe, le narrateur explore son souvenir.

    Projet de lecture :

    Cette ?sode nous pr?nte la confrontation de la conscience avec le temps dans la qu? du souvenir.

    Commentaire lin?re :

    Le passage commence sur une question « arrivera-t-il jusqu??a surface de ma claire conscience, ce souvenir ? » l?auteur nous montre d?le d?t que quelque chose fait obstacle entre son souvenir et sa conscience. Le souvenir ne se donne pas tel quel, il est le fruit d?une lutte de la conscience pour le retrouver.

    Le Littr?ropose une d?nition du souvenir ?aquelle il serait int?ssant de soumettre ces premiers mots : le souvenir c?est « Ce qui est inscrit dans la m?ire; ce dont on se souvient; ce qui, du pass?fortuitement ou par l'effet d'un rappel volontaire, revient ?'esprit, est reconnu par la conscience comme pass?t g?ralement rattach?ar le sujet ?n moment pr?s du pass?. Ici, l?auteur emploie le terme de « souvenir », le narrateur a donc reconnu sa sensation de bonheur au go?e la madeleine comme une r?niscence du pass?ais pourtant le souvenir n?est pas arriv? la « surface de sa claire conscience », il est donc reconnu par la conscience comme pass?ais pas encore rattach?ar le sujet ?n moment pr?s de ce pass?pour reprendre les termes de la d?nition du Littr?
    Le groupe nominal « claire conscience » se d?che gr? au jeu des sonorit?et ??allit?tion en [k], ce qui lui donne une certaine puissance. On ressent la volont?e cette conscience du narrateur. L?id?d?une claire conscience suppose, si on s?en tient ?ne traduction litt?le, une conscience obscure, id?d'obscurit?ue l'on retrouve dans le terme de "nuit" : le narrateur a conscience qu?il s?agit d?un souvenir, mais paradoxalement, il ne s?en souvient pas, on voit ici sous-jacentes les th?ies de l?inconscient de Sigmund Freud.

    La notion de temps est ?lement introduite d?la premi? phrase : « l?instant identique » fait appel ?n « instant ancien ». On retrouve l??id?de Proust selon laquelle toute connaissance se fait en deux temps confrontant, ?ne impression nouvelle, une impression ant?eure.

    Le terme « attraction » montre bien que c?est le pr?nt qui appelle le pass?
    Les verbes de mouvement « soulever », « redescendre », « remonter » soulignent autant l?enfouissement du souvenir que la volont??y parvenir et ce non sans difficult?car le souvenir « s?arr? » et il faut « dix fois recommencer ».

    Ce souvenir est en effet « tout au fond » ou « si loin » du narrateur, en opposition ?a « surface » de sa « claire conscience ». Le possessif « ma » et le terme de « moi » souligne l?introspection qu?entreprend le narrateur, il est en quelque sorte dans une qu? de lui-m? ?ravers son pass?On peut encore une fois y voir une influence de la psychanalyse.

    Mais si le narrateur est conscient que sa sensation fait appel ?n souvenir, il ne peut atteindre ce m? souvenir, « je ne sais », dit-il. Il n?est pas s??y parvenir, mais il avoue aussi que sa raison est prise ??ut. D?ailleurs, il poursuit en disant « je ne sens plus rien », ce qui prouve qu?il n?est pas dans le domaine de la raison et de la conscience mais de la sensation. On voit aussi ?uel point le narrateur est d?ndant de cette sensation pour retrouver son souvenir, car quand il ne sent plus rien, le souvenir est arr?.

    "Maintenant" renvoi au moment pr?nt. Se mettent en place diff?nts angles de vue du temps qui passe : le point de vue du moment pr?nt est ici exprim?n opposition au point de vue du moment pass?ui est celui que le narrateur cherche ?tteindre. Enfin il y a le point de vue du moment pass?el que le narrateur le revit au moment pr?nt : la sensation.

    La qu? de la rem?ration nous est pr?nt?dans toute sa difficult?elle est mise en valeur par les interrogations "Arrivera-t-il jusqu'?a surface de ma claire conscience ?", "Qui sait s'il remontera jamais de sa nuit ?" et on retrouve l'expression du doute dans "je ne sais", "peut-?e", "qui sait"...

    La relative longueur des phrases mime la difficult?'extraire un souvenir des profondeurs int?eures, on a, par exemple, l'accumulation de trois infinitifs dans la premi? phrase.

    On peut voir une certaine personnification du souvenir, appel?il" ou encore "lui", qui montre l'int?t que lui porte le narrateur. Le souvenir n'est-il pas un pr?xte dans sa recherche de lui-m? ? Par ce souvenir, c'est peut-?e justement "lui" qu'il cherche.

    Le fait que le narrateur doive "se pencher" vers le souvenir souligne une fois de plus l'introspection qu'il entreprend.

    Le travail de rem?ration est pr?nt?omme un travail scientifique : le narrateur ?t des doutes, des hypoth?s, il multiplie plusieurs fois l'exp?ence (dix fois). Les termes "d'attraction" et de "remonter" font penser ?n syst? de poulie particuli?ment dure ?an?uvrer.

    Selon M.Raimond, enseignant chercheur ??universit?e Paris-Sorbonne, la grandeur de Proust ?it justement « de partir du concret et, par un p?ble travail d?approfondissement, de parvenir ?a v?t?de faire jaillir la lumi? intellectuelle de l?opacit?? de la sensation ».

    Ce travail r?t?cette inlassable recherche du narrateur contraste avec la soudainet?vec laquelle rejaillit le souvenir : "tout d'un coup". D'un point de vue stylistique, la phrase est cette fois br?, rompant avec les descriptions plus ?y? qui la pr?de.

    Le "me" est alors en position d'objet, ce qui montre d'une certaine fa? l'inutilit?es pr?dentes d?rches du narrateur, c'est le souvenir qui d?de de venir ?ui comme une sensation que sa raison ou conscience ne peut contr?.

    La phrase suivante identifie avec une extr? pr?sion le souvenir avec une accumulation des compl?nts de lieu et de temps : "le dimanche matin", "?ombray", « avant l?heure de la messe », « dans sa chambre »...

    Mais si le souvenir appara?d?une mani? presque magique, l?intelligence prend le relais pour comprendre son apparition et sa disparition de la conscience avant de revenir.

    La phrase qui suit alors est tr?longue, elle s??nd sur une dizaine de lignes et commence par identifier ce qui a fait jaillir son souvenir : « le go? est ici oppos? la « vue » : « La vue de la petite madeleine ne m?avait rien rappel?vant que je n?y eusse go?». Puis viennent deux hypoth?s pour justifier cette faiblesse de la vue, s?r? l?une de l?autre par deux « peut-?e parce que », ce qui souligne le t?nnement du narrateur dans cette exploration de lui-m?.

    Le long cheminement de la phrase, parsem?de virgules, traduit le cheminement de la pens?m? du narrateur, on avance en m? temps que lui dans son raisonnement, avec les digressions, les pauses, que la pens?impose.

    Encore une fois l?auteur oppose la vue au go? le narrateur a souvent « aper?» des madeleines « sans en manger » et « leur image » l?a tromp?puisqu?il a oubli?et ?sode de son enfance.

    Le fait que l?auteur ait « souvent » aper?des madeleines « depuis » est ?quent, car il s?agissait dans son pass?galement d?un rituel du « dimanche matin ». Ainsi, le rituel pr?nt, ?avoir passer devant les tablettes des p?ssiers et d?apercevoir les madeleines s?est substitu?ans la conscience ?n autre rituel plus ancien. C?est bien ce que dit l?auteur : « leur image avait quitt?es jours de Combray pour se lier ??autres plus r?nts ».

    On peut observer dans cette premi? hypoth? la rupture marqu?d?avec le pass?vec un champ lexical du temps qui passe ou a pass?r?marqu? « rappeler », « avant », « souvent », « depuis », « quitter ces jours », « plus r?nts »...

    La deuxi? hypoth? du narrateur est que le souvenir est tellement lointain qu?il n?existe plus, « rien ne survivait », dit-il, « tout s??it d?gr? », « aboli ». Mais un paradoxe demeure, car si ces souvenirs sont « abandonn?si longtemps hors de la m?ire », il n?en reste pas moins des souvenirs, comment peuvent-ils rejaillirent s?ils ont ? totalement oubli?? Cela suppose peut-?e encore une fois un inconscient ind?ndant de la m?ire consciente ou, hypoth? ch? ?roust, une m?ire involontaire.

    L?auteur souligne alors la forme si peu anodine du g?au qu?est la madeleine, on observe m? une personnification, une f?nisation de la madeleine « petit coquillage de p?sserie si grassement sensuel sous son plissage s?re et d?t » : il y a une forme d?antith? entre la sensualit?t l?aspect d?t, entre la gr? des formes de la madeleine et sa composition riche et grasse. Une forte allit?tion en [s] fait ressortir le passage et peut aussi ?quer la saveur de la madeleine tremp?dans du th?On peut rapprocher la madeleine de l?Ostie, mais cette fois, c?est le souvenir qui ressuscite (et non le Christ).

    En parlant de « forces d?expansion » qui auraient permis aux « formes » de « rejoindre la conscience », l?auteur reprend l?id?de l?importance du mouvement allant au fond de l??e pour en extraire le souvenir. Ces forces seraient perdues ou ensommeill?, on retrouve dans l?id?du sommeil celle du r?, dans lequel s?exprime notre inconscient et dont nous oublions la plupart du temps l?essentiel.

    Pour Proust, paradoxalement, les sens les plus immat?els comme l?odeur et la saveur sont les plus fid?s car ils ne peuvent pas ?e d?uits par le tps, contrairement ?a vue, comme le d?ntre l?exp?ence du narrateur.

    Le narrateur parle d?un pass?ncien dont « rien ne subsiste », « apr?la mort des ?es », « apr?la destructions des choses », la notion d?un tps ?ul?epuis longtemps auquel pourtant survivent « encore longtemps » la saveur et l?odeur, mots ?a sonorit?hoisie pour s?accorder.

    le mot « seules » suivi de plusieurs comparatifs de sup?orit?estitue la sup?orit?e l?odeur et du go?Les deux sens sont compar??es ?s, ce qui sous-entend une immortalit?u fait de l?immat?alit?En effet, l?expression « gouttelettes presque impalpables » avec le suffixe « ette » r?it au minimum la sensation, tout comme les adjectifs « fr?s » et « immat?els ».

    La p?nnit?u go?t de l?odeur est aussi soulign?par la multiplicit?es compl?nts de lieu et de tps (en orange). Le champs lexical de la mort s?oppose ? l??fice immense » du souvenir. On a l?ne m?phore architecturale soulignant le poids et l?ampleur du souvenir, qui en effet va faire rejaillir tout un pan du pass?u narrateur.

    On peut penser aux vers de Baudelaire dans son po? Le flacon : « Parfois on trouve un vieux flacon qui se souvient/ D?o?illi toute vive une ? qui revient ». Or on sait que Proust s?inscrit sciemment dans la lign?de Nerval et de Baudelaire, dans la tradition symboliste qui cherche l?essence des choses dans le r? et dans le souvenir.

    Mais la particularit?e Proust tient ?e style qui semble ne rien omettre. Charles Dantzig d?are dans le Dictionnaire ??e de la litt?ture fran?se que le style de Proust a progress?n s?allongeant. « Il s?est mis ?bserver toutes les faces de l?objet qu?il d?ivait, ?animer sa pens? ?a dig?r lentement, ?xtraire des images qu?il n?abandonnait qu?apr?les avoir d?i?, prolong?, ?is? ». C?est ce que fait en effet l?auteur avec la sensation qu?il d?uvre tout comme avec son souvenir, dans le paragraphe suivant.

    D?illant son souvenir, le narrateur affirme qu?il lui est venu « d?qu?il » a reconnu le go?e la madeleine, puis il temp? son propos par un « bien plus tard », car il lui a d?abord fallu analyser la cause du bonheur dans lequel le plongeait cette d?uverte avant de reprendre par un « aussit?. Indications temporelles qui ancrent l?extrait dans le tps.

    Volontairement ou pas, la conscience du narrateur avait oblit? toute une partie de ses souvenirs d?enfance « ce pan tronqu?, nous dit-il. Le souvenir r?para?reconstitu? comme un d?rs de th?re », comme si le narrateur ?it le metteur en sc? de son propre pass?la conscience r?rait alors les souvenirs, les convoquant ou les rel?ant aux oubliettes selon son bon vouloir...

    Ce dernier paragraphe offre de longues phrases descriptives o? souvenir se pr?se. Elles donnent l?impression de suivre le cheminement de la m?ire du narrateur avec ses h?tations, ses souvenirs m?s les uns aux autres et ce pas forc?nt dans un ordre logique... on a ?lement dans ce paragraphe une tr?forte pr?nce du locuteur.

    On suit le souvenir qui se pr?se, de la ville ?a place, de la place aux rues, des rues aux chemins.

    Le mot temps revient ?eux reprises, comme si le narrateur avait rattrap?e temps ?a recherche duquel il ?it (?a recherche du temps perdu) : « depuis le matin jusqu?au soir et par tous les temps », « si le temps ?it beau ».

    Le narrateur compare sa madeleine tremp?dans du th?ux morceaux de papiers d?un jeu japonais, « indistincts » avant d??e plong?dans l?eau. Une fois encore la vue, au service direct de la raison, fait obstacle. Les morceaux de papier deviennent autre chose ?eine ils sont plong?dans l?eau. On peut penser l?ux pr?cupations des impressionnistes pour qui la r?it??a de sens qu??ravers la perception, r?le ou imaginaire qu?en a le sujet. Ainsi les souvenirs du narrateur jaillissent-ils de l?acte simple de go? une madeleine tremp?dans du th?ce qui lui fait dire que tous les souvenirs de son enfance prennent forme et solidit?ans sa tasse de th?On remarquera l?es termes affectueux dont il affuble ses souvenirs « notre jardin », « les bonnes gens du village »...


    Ainsi donc, ce passage fait ?t d?une lutte de la conscience pour faire rejaillir un souvenir, mais cette lutte est vaine car le souvenir ne se donne que par la perception et lui-m?. Pour Proust en effet, l?intelligence est incapable de proc?r ?a r?rrection du pass?ui est pour lui l?objet m? de la cr?ion, et que seul l?instinct peut atteindre. « Car les v?t?que l?intelligence saisit ont quelque chose de moins profond, de moins n?ssaires que celles que la vie a communiqu? en une impression », dit-il dans le Temps Retrouv?N?moins il pr?se dans le m? ouvrage « On ?ouve mais on ne sait pas ce que c?est tant qu?on ne l?a pas rapproch?e l?intelligence ». Et c?est ce que le narrateur entreprend dans cet extrait.

    Le passage de la madeleine est un moment essentiel de la recherche repris ?a toute fin de l??uvre o?auteur explique que la r?niscence lui a permis de devenir un ?e extra-temporel.

    Cet extrait illustre avec brio le style si particulier de Proust, qui a si bien modifi?a conception qu?on se faisait de son art que le roman proustien est devenu un genre.

    Le Dictionnaire ??e de la litt?ture fran?se nous dit : « Proust, c?est la patience. Avec l?aide de cette d?se, il a fait la guerre ?a m?ire. Il a cherch? l?emp?er, elle faite de tant d?oublis, de tout rejeter dans les t?bres, o?instinct, ensuite, doit lancer aveugl?nt ses pattes et t?nner pour en rapporter des sensations ?ivalentes au fait. La patience est sans doute ce qu?il a apport?e plus important au roman fran?s. »
    7
    PetiteElfe
    Dimanche 14 Octobre 2007 à 16:24
    J?s comme il te pla?si bien de le railler, m'a appris qu'il ne fallait pas donner de perles aux pourceaux... (Mais elle met des photos d'elle visibles par tous ?! Se pourrait-il qu'elle ne se croit pas si belle que cela ?).

    Je suis ici sur mon espace et il me semble qu'y exprimer mes go?et mes adictions restent encore de mon bon droit. Si tu crois que je parle ?a l?re et que j'appr?e ces textes comme une petite dinde qui sait pertinement que cela lui sera toujours hors de port?.. tu as raison ! Je n'aurai jamais la pr?ntion de percer le myst? des textes qui m'enchantent. Dans mes ?des on me demande de m'y atteler, c'est pourquoi je t'ai copi?oll?ne pr?ration orale qui date de l'hypokh?e et pour laquelle je n'ai obtenu "que" 16. Mais puisque tu sembles tant aimer la critique, donne moi ton adresse et je t'enverrai une critique acerbe de ma propre ?de quand tu voudras ! Pour le reste je me r?uis de savoir encore m'?rveiller comme une gamine malgr?'acquisition progressive que je fais d'un savoir technique et d'un regard critique de litt?teur "un peu" plus averti.

    ps : tu m'avais manqu?contente de te retrouver ;-) !
    8
    visiteur_Plateau réc
    Dimanche 14 Octobre 2007 à 17:14
    Certes. L'art du copier-coller rec? plein de myst?s. Celui consistant en un recopiage m?odique d'un cours en rec? tout autant.

    Le bloc est impressionant. Mais il marque par l?? son inauthenticit?
    Deuxi? palme.

    Mes f?citations.
    9
    visiteur_Plateau réc
    Dimanche 14 Octobre 2007 à 17:24
    It's not Jesus ! Juste un dicton populaire: on ne donne pas de confiture au porc. Mais, les esprits lumineux - ou plut?r?ntieux - font r?rence ?a religion.

    Pourquoi pas.

    Allez, une trousi? palme.

    Mes f?citations (comique de r?tition, ah ah).
    10
    PetiteElfe
    Dimanche 14 Octobre 2007 à 17:37
    Non pas un cours mais un texte que j'ai ?is de bout en bout. Je te remercie de faire vivre autant mon blog :-) ! Pourquoi tant de haine ? Je t'aime moi ! Je suis chr?enne, j'aime tout le monde :-) !
    11
    visiteur_plateau réc
    Dimanche 14 Octobre 2007 à 17:42
    Je suis un vengeur masqu?qui est charg?e r?blir la v?t?Mouah ah ah !
    12
    PetiteElfe
    Dimanche 14 Octobre 2007 à 17:46
    Je veux t'aider dans ta t?e alors, ptit vengeur masqu?tu es tout mignon !

    "Matthieu : 7.6 Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux pieds, ne se retournent et ne vous d?irent." C'est dans les Sermonts sur la montagne. Je te conseille ce livre (La Bible), m? quand on ne croit pas, il est int?ssant !
    13
    PetiteElfe
    Dimanche 14 Octobre 2007 à 17:56
    Attention ?es fautes d'orthographe cher ami : j'en fais aussi et les gens s'en donnent ?oeur joie. C'est juste un conseil de franche camaraderie, car d?que tu entreprends une critique avec des fautes de langue et d'orthographe, ben on te tape dessus. On me tape d? dessus alors que je n'attaque personne ;-) !
    Je te donnerais bien d'autres adresses de blog ?ller polluer mais tu risquerais de d?isser le mien... quelle perte ce serait !
    14
    visiteur_Un admirate
    Dimanche 14 Octobre 2007 à 19:36
    Je lis cet ?ange et je me dis "quelle classe cette petite elfe" : des attaques gratuites et sans fondement et pourtant elle garde la t? haute.

    Si tu ne sais pas te d?cter du charmant spectacle de sa vue, plateau r?auff?u vengeur masqu?rien ne te retient ! car en attendant tu es le premier ??ir ?es articles !
    Quand ?es remarques sur son physique... tu es au moins une fille jalouse ou un mec terriblement frustr?r dire des choses pareilles ! Non mais regarde la !?! Elle est superbe ! En fait t'es comme Merteuil : tu critiques par jalousie pure, ou alors faudrait nous expliquer le sujet de ta vendetta...

    Petite elfe je n'?is jms intervenu sur ton blog sur lequel je passe bien souvent, j'ai pu voir que les remarques gratuites de cet ?rgum? te blessaient : tu n'as rien ?ui envier, tu vaux cent fois mieux, et je ne suis pas un ami pay?r le dire, je ne te connais que via ton blog alors je peux me le permettre ! Tu es belle, pas parce qu'effectivement tes photos le prouve, m? si tu dis avoir pris qq kilos, mais parce que tu as un grand coeur et cela se sent et que tu es fine et intelligente. Quand ?es complexes oublie les, tu as des formes f?nines, une vraie femme, pas une esp? de mannequin anorexique, ce sont les autres qui devraient rougir. Je regrette seulement de pas avoir rencontr?ne fille comme toi plus t?.

    Continues ?ous r?ler de ta plume et de ta personne, BELLE ELFE !!!
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    visiteur_JocelynD.
    Dimanche 14 Octobre 2007 à 19:41
    En tout cas, plateau r?auff?tu contribues par tes remarques frapp? au coin du bon sens ?a r?site d'un blog , que tu semble vomir, si j'ai bien compris.
    Je suis touch?ar tant de compassion alors. Tu cartonnes. C'est ?oi que dois revenir la palme de la bont?et pas ?ette petite elfe, sale impie pr?ntieuse, et tout ce que tu veux.

    Mais je ressors le m? argumentaire que la derni? fois. Essayes-tu de refouler quelque chose qui t'attires ? qui te fascines ? Parce que sinon, pourquoi prendre (vainement) autant de temps ?emettre sur le droit chemin cette m?re ?r?? Vu ton niveau, tu as d'autres choses ?aire... ?mbien plus enrichissantes. Bref, je m'interroge. Tu m'intrigues.

    Continues ?ous faire rire. J'aime voir les gens gesticuler dans le vide. (Je m'aime donc, aussi). C'est distrayant.
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    visiteur_Plateau réc
    Dimanche 14 Octobre 2007 à 21:44
    Du gibier ?ectes... Besoin d'un gourou ? Mmh...
    17
    visiteur_Lecter
    Lundi 15 Octobre 2007 à 14:37
    Plateau r?auff?je te consid? en te lisant comme un mignon petit Nain dans le jardin d'une elfe... L?our la d?ration des articles, pour nous mettre de l'ambiance..mais aussi pour nous faire rire.
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